L'affaire avait fait grand bruit à l'époque, notamment parce que le populaire animateur Alain Montpetit figurait parmi les principaux suspects.
Or, voici qu'une nouvelle minisérie de type true crime en trois épisodes d'une heure, disponible sur Crave à partir du 10 novembre, revient sur cette histoire. De tout ce que j'ai vu sur le sujet, Qui a tué Marie-Josée? propose certainement l'enquête la plus fouillée et le contenu d'archives le plus riche à propos de cette affaire.
Après que la police de New York eut rouvert l'enquête et obtenu de nouveaux témoignages en 2002, j'étais demeuré sous l'impression que des preuves irréfutables désignaient le populaire animateur Alain Montpetit comme auteur du meurtre, lui-même décédé en 1987. Il semble que ce ne soit pas aussi tranché.
Dans une moindre mesure, les noms de Jamie Gillis, un voisin d'immeuble, et de son ex-amoureux Dominique Silberstein ont aussi été considérés.
Comme il l'avait fait pour Léo-Paul Dion: confessions d'un tueur, le réalisateur Jean-François Poisson nous fait revivre cet épisode tragique en nous imprégnant de l'esprit de l'époque. C'était le début des années 80 à New York, la fin du disco, la coke, la débauche.
Au fil des épisodes, on a presque l'impression de connaître Marie-Josée St-Antoine, que ses proches décrivent comme une femme très sportive, simple, heureuse, qui aimait rire, «un rayon de soleil», comme le dit son amie Chantal Blais.
Son frère Jean-Luc, qui exerçait le métier de photographe, parle généreusement de sa sœur dans la série, l'admirant comme autrefois en regardant des photos d'elle. Il contribue énormément à la faire revivre à travers son témoignage.
Le designer de mode Jean-Claude Poitras affirme pour sa part qu'elle était d'«une classe absolue» lorsqu'il la voyait défiler. Le deuxième épisode fait d'ailleurs le portrait du monde de la mode du tournant des années 80, qui a vu apparaître les super modèles, alors que les différentes agences se menaient une lutte féroce.
On a d'ailleurs cru un moment, à tort, que la mannequin québécoise avait été victime de cette guerre.
On ne se contente pas de rencontrer la famille et les amis de la défunte, on retourne voir les enquêteurs de l'époque à New York et la voisine de Marie-Josée, qui l'avait trouvée morte dans son appartement, poignardée à plusieurs reprises. Mais aussi un personnage central et énigmatique, Jacki Lee, une fréquentation d'Alain Montpetit, qui apparaît à la toute fin du deuxième épisode.
Des témoignages précieux qui nous permettent de nous faire une meilleure idée de l'affaire.
Détective à la police de New York, Stefano Braccini, maintient qu'«on a affaire à une personne enragée, une personne en pleine crise» en parlant du meurtrier, convaincu que le crime n'était pas prémédité.
L'un des personnages les plus fascinants de la série est certainement Jamie Gillis, voisin d'immeuble de Marie-Josée, qui jouissait d'une grande notoriété comme acteur porno, au genre très singulier. Celui qu'on surnommait le Pacino ou le De Niro du cinéma porno a inspiré le personnage de Burt Reynolds dans le film Nuits endiablées (Boogie Nights), de Paul Thomas Anderson.
Si le nom d'Alain Montpetit ne vous est pas familier, il avait une formation de comédien mais s'est surtout fait connaître comme animateur, d'abord à la radio, puis à la télévision, à l'émission Et ça tourne à Télé-Métropole.
Le film Funkytown avec Patrick Huard est fortement inspiré de sa vie.
Pour Claude Poirier, qui avait rendu visite à la famille à Ville Mont-Royal le lendemain de la découverte du corps, il n'y a aucun doute qu'Alain Montpetit est le coupable, qui l'aurait «lâchement assassinée», dit-il encore aujourd'hui.
De son côté, Danielle Ouimet, qui côtoyait beaucoup Montpetit à l'époque, était incapable de croire qu'il aurait pu commettre un tel crime. Elle décrit un homme qui montrait tous les symptômes de la bipolarité, habité par ses démons.
Le drame a été dévastateur pour la famille. Le père de Marie-Josée ne s'en est jamais remis, au point de se donner la mort en se jetant du 11e étage. Encore vivante, sa mère pleure encore en évoquant le souvenir de sa fille.
La série recueille aussi les commentaires des animateurs Mario Lirette et Christian Tétreault, de la chroniqueuse et journaliste Nathalie Petrowski, de l'ancien patron de radio Guy Aubry, de l'ex-mannequin Corinne Poracchia et de la journaliste Audrey Ruel-Manseau.
Assurément une série à voir, Qui a tué Marie-Josée? apporte un nouvel éclairage et rappelle à nos esprits l'existence d'une femme rayonnante, aimée, en pleine ascension et qui avait toute la vie devant elle.
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